Luna Miguel n’est pas seulement la jeune poète dont la modernité devrait donner quelques idées aux poètes français et dont nous tirions le long portrait l’année dernière. Elle est aussi journaliste pour PlayGround, fameux webzine hispanophone explicitement engagé dans la lutte féministe.
À force d’articles et de témoignages Luna a décidé décider d’écrire « El Dedo », « Le Doigt », ebook en ligne depuis hier et traitant de la masturbation féminine et masculine dans la culture.
Dans ce livre, composé comme un recueil, elle propose des articles et des essais, ainsi que des entretiens, menés avec la poète Sara Uribe, ou encore la scientifique America Valenzuela, ou l’actrice porno et poète Amarna Miller (également portraitisée par nos soins), etc.
Des fragments de son journal intime s’y retrouvent mêlés, une histoire fictionnelle s’ajoute. Bref, autant de choses qui parlent, à mi-chemin entre la confession et l’enquête de ce que ce doigt peut occasionner. La chose est intime, bien sûr, et le tabou culturel très puissant. Au point que le réseau social ait décidé de lui couper le sifflet…
La masturbation, une chose trop personnelle pour faire l’objet d’un post sur Facebook, qui démontre là encore son plus absolu despotisme. Pour Luna Miguel, cet acte sexuel reflète aussi « une méditation sur l’amour. Une constellation de sensations. Un espace propre où l’on peut se réfugier ».
Jeudi soir, Luna publie donc un post sur son Facebook personnel, avec le titre de l’ouvrage et la couverture ci-dessous. Difficile de faire plus soft. Et pourtant, 10 minutes plus tard, Facebook fermait le compte de Luna Miguel. De manière définitive !
Comme elle nous le confie, un de ses très nombreux contacts a certainement dénoncé le post pour d’obscures raisons. Avoir des milliers « d’amis » peut coûter cher… Facebook, nous informe Luna, lui a écrit un email pour lui expliquer que la fermeture de son compte serait définitive (et non durant un jour ou deux, tel que le réseau social a l’habitude de le faire dans ce genre de cas) pour « des raisons de sécurité ».
À peine croyable.
Ses nombreux articles traitant de la pornographie féminine ont-ils penché dans la balance ? Cette grande utilisatrice des réseaux sociaux n’a en tout cas jamais eu le moindre problème avant cette triste aventure. Et s’inquiète désormais. « Je suis horrifiée ! C’est indigne que la littérature ou la culture en général ne puisse traiter de tels sujets sans faire face à la censure. »
Et de conclure: «Comment un doigt peut-il faire du mal?z» Question de sécurité, répondrait Facebook…
Autor del artículo: Thomas Deslogis
Ver artículo original